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Chili sin carne
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8 janvier 2012

Le canal de Beagle

Aujourd'hui donc, embarquement sur le canal de Beagle jusqu'à la estancia Harberton. Soit 3 heures de navigation sur un gros catamaran très rassurant. Le canal de Beagle est long de 750km et appartient en partie au Chili et pour l'autre partie à l'Argentine après un conflit qui a failli virer à la guerre en 1978 mais s'est finalement achevé par une modification des frontières. Il relie l'Atlantique au Pacifique. Nous prenons la direction de l'océan Atlantique. Plusieurs arrêts sont prévus. Le premier a lieu sur la isla de los lobos, peuplé de cormorans et de phoques ainsi que de quelques lions marins. Les phoques, je les connais, mais je ne m'en lasse pas. Oui, la colonie est beaucoup moins impressionnante qu'à Saint-Pierre-et-Miquelon, mais les lions de mer sont nouveaux pour moi et ils sont imposants. Couchés, ils ne sont guère différents des autres phoques à part leur taille. Quand ils se lèvent, je crois découvrir une nouvelle espèce de cochon avec des pattes plus courtes, un cou plus allongé et un groin aplati par un coup d'enclume ! Et quelle démarche. Toute leur lourdeur transparaît. Mais quand deux mâles se cherchent, ils sont encore plus impressionnants. La bagarre n'aura pas lieu, les cris de chacun suffisant à calmer les ardeurs de l'autre. Sachant que chacun d'entre eux se partage entre 11 et 15 femelles, on peut comprendre qu'il y a du territoire à protéger ou à conquérir. Nous restons suffisamment longtemps pour apprécier le spectacle sous toutes ses coutures et il en sera de même aux autres étapes.

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Le deuxième arrêt est aussi animalier. L'île aux cormorans abrite l'espèce impériale. Les quelque milliers qui viennent nicher ici font beaucoup de bruit. L'appareil photo crépite sur des becs ouverts, sur des bisous enflammés et des atterissages en douceur.

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Le catamaran passe ensuite par le phare des éclaireurs mis en service en 1920 et toujours en activité mais de manière automatique. Puis le bateau file droit vers l'Atlantique sans s'arrêter pendant une heure. Pendant ce temps un documentaire conte l'histoire d'Ushuaïa, détaille la vie sur le canal de Beagle, explique comment la région fut peuplée. Une mine d'informations sans prétention mais très bien ordonnancée. En prévision du prochain arrêt, je me poste à la proue du bateau, sans imiter Kate Winslet dans Titanic étendant les bras comme si elle allait s'envoler, puisque je n'ai pas mon Leonardo di Caprio. Je respire à plein nez, l'appareil photo armé de son plus gros zoom accompagné de son doubleur de focale. Je suis équipée pour faire face à la fraîcheur avec deux polaires, une écharpe et je mettrai les gants pendant un moment, sentant mes doigts se crisper, ce qui me ferait rater quelques photos. Nous longeons Puerto Williams, LA ville la plus australe du monde, qui est au Chili. Ils sont 2500 à se blottir là-bas, sans tapage ni publicité pour attirer les touristes qui préfèrent Ushuaïa. Comme me le disait un jour un ami espagnol à propos de la cuisine de son pays : "Notre cuisine est bien plus riche que la cuisine italienne, mais nous ne savons pas la vendre. En revanche, les Italiens avec leur pizza, ils savent y faire." Puerto Williams et Ushuaïa, c'est un peu comme la cuisine espagnole et italienne. Nous croisons dans cette même zone quatre voiliers. Ont-ils vaincu le Cap Horn ? Question sans réponse, mais ils font figure de vrais aventuriers. 

L'île des pingouins est un endroit inespéré. Le catamaran se pose sur le bord du rivage. Il est interdit de descendre, seule une agence est autorisée à exploiter ce tourisme, et pas plus de 80 personnes par jour. Mais à voir le comportement des pingouins, je me dis qu'ils ont pris l'habitude de voir des visiteurs régulièrement. Ils sont là, à mes pieds dans une lumière magnifique, un soleil pas trop fort. Combien de photos après vingt minutes d'arrêt ! ? 150 ! Et il ne doit pas y avoir trop de déchet car le bateau était parfaitement stable et j'étais au meilleur endroit (l'organisation, ça se travaille voyage après voyage). Ils de dandinent, se bécotent, se donnent des tapes, plongent dans l'eau et en ressortent aussitôt, ils nous fixent, ont des regards mendiant. Deux jeunes veillent un mort dans l'indifférence générale. Ils n'ont aucun geste de précipitation, vaquent à leurs affaires tout en se sentant observés. C'est un enchantement.

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Il y a deux sortes de pingouins : le pingouin de Magellan et le pingouin papoue. Nous ne verrons qu'un seul de la seconde espèce, un peu plus grand que les autres, le bec et les pattes couleur orangé. Sa démarche ressemble à celle d'un humain qui tanguerait sans savoir où est son point d'équilibre. Il est drôle sans le vouloir devient l'attraction principale alors qu'ils sont des centaines. De là, nous filons vers la estancia Harberton, premier lieu d'implantation de l'homme blanc en Terre de feu. Il ne nous faut que 15 minutes pour aller de l'île aux pingouins à la estancia. Suite au prochain message.

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