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Chili sin carne
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8 janvier 2012

Estancia Harberton

Me voici donc dans un lieu historique : le premier endroit où se sont installés des hommes blancs en Terre de feu. Le fondateur est Thomas Bridges, un orphelin qui doit son nom au pont près duquel il a été trouvé. Echoué aux Malouines, il y apprend la langue yaghan (du nom des indigènes qui résidaient par ici). Ce qui lui valut de ne pas effrayer les yaghans quand il débarqua près d'Ushuaïa car il pouvait communiquer avec eux. Enfin un homme blanc qui ne venait pas les exterminer. En reconnaissance du travail accompli, le président de l'époque, un dénommé Roca, lui offrit 20 000 hectares de terre ! En 1886, Thomas Bridges fonde la estancia Harberton, choisissant le nom d'après le lieu de naissance de son épouse et pour la remercier de toutes les souffrances qu'elle a endurées pendant le long voyage qui l'a amenée jusqu'à Ushuaïa.

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Au début, deux activités rythment la vie à l'estancia : la coupe du bois et l'élevage des moutons pour leur laine. Activité prospère. L'endroit regorge de lengas, l'arbre le plus commun ici, et il a l'avantage d'avoir un long tronc et donc est facilement exploitable. Paradoxalement, seule la maison du fondateur n'a pas été construite avec le lenga... mais avec du bois venu de Harberton, en Grande-Bretagne. Tous les autres bâtiments sont en lenga. Thomas Bridges est mort en 1898, mais sa descendance a continué à exploiter l'estancia. En 1963, un des héritiers parvient en automobile à Ushuaïa. Jusqu'à cette date, il n'y avait pas de route. Il met entre 8 et 9 heures et doit revenir en mettant ses roues dans les traces de celles laissées à l'aller. Ce progrès dans la communication avec l'extérieur va marquer le début du déclin de l'estancia. Comment est-ce possible ?

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Puisqu'il y a une route, des gens peuvent venir. Des animaux aussi. Les gens se déplacent avec leur chien, les chiens se promènent, leurs propriétaires les abandonnent, etc. La présence accrue des chiens sera le premier facteur de dépérissement. Alors qu'un renard peut tuer un mouton uniquement pour se nourrir, les chiens sont capables d'en tuer entre 40 et 50 simplement pour se divertir ou passer le temps. En 1970, l'hiver est plus rude que jamais. L'estancia est enfouie sous 3 mètres de neige. Le cheptel de 9000 moutons tombe à 3000. Deuxième cause du déclin. Enfin, les moyens de communication s'améliorent mais les taxes prolifèrent. Pour exporter la laine, il faut s'acquitter d'une taxe à Ushuaïa, puis d'une autre à Buenos Aires. Moins de laine, plus de taxe, c'en est fini de l'âge d'or.

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Aujourd'hui, l'estancia est toujours la propriété des descendants du fondateur et il y habitent. Ce lieu chargé d'histoire continue à vivre grâce au tourisme qu'ils ont développé intelligemment. La visite est passionnante, riche en détails de la vie quotidienne de l'époque pionnière. Et on ne perçoit nullement une exploitation purement commerciale du lieu, mais plutôt une volonté de transmettre une histoire. La femme du propriétaire est biologiste. A 76 ans, elle continue de s'occuper du musée fondé avec la généreuse aide de Total où sont exposés des squelettes de cétacées. Et elle gère son laboratoire où les placards sont remplis de boîtes dans lesquelles sont soigneusement rangés des os d'animaux échoués sur la plage attenante. Je découvre ainsi que ce n'est pas l'homme qui a inventé la géolocalisation, mais que les dauphins la pratiquent depuis longtemps. Tout comme le cachalot. Ils disposent sur le devant de la tête d'un "melon" qui envoie et reçoit des ondes de ce qu'il y a de bon à manger dans les environs où ils se promènent !

Le retour à Ushuaïa se fait en bus. Je me débrouille comme une chef pour avoir une place au premier rang. Il faut dire que ma solitude m'y aide. Je suis dans les premières à entrer dans le bus et une femme est déjà installée devant. C'est la compagne du chauffeur. Je lui demande si c'est occupé et comme la réponse est non, je m'y installe avec la satisfaction de celle qui va pouvoir faire quelques photos supplémentaires malgré l'absence d'indépendance autoroutière. Quelque 40 km de pistes nous séparent de la Ruta 3, celle qui relie Buenos AIres au Parc national de la Terre de feu, en bordure du Chili. Nous longeons pendant une partie le canal de Beagle et nous enfonçons ensuite au milieu de la forêt. Ici ou là, des cimetières d'arbres morts me font penser à Yellowstone. La piste a donné des ailes à un conducteur qui est allé dans le décor. Nous passons peu de temps après, visiblement il n'y a pas de blessé, mais la voiture a fait un beau tonneau et celui qui venait en face a dû avoir la frayeur de sa vie. La Ruta 3 est une belle route, avec des travaux d'amélioration et une circulation étirée. Des campings sont visibles sur le bord de la route régulièrement et il y a du monde. Retour à Ushuaïa à 18 heures. Ce fut une très belle journée.

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Commentaires
H
A moi beaucoup me goute la fraicheur du cet texte. Con gran plésir liré la suita
M
oyé, tu , chica guapa ! qué bien este blog! me parece que te le estas pasando muy bien. Je vais suivre tes aventures et,avec Denis, nous allons nous régaler.Nous veillons au grain en ce qui concerne le locataire de la rue Cambronne. Potée délicieuse, pour commencer.<br /> <br /> Bisouxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx, Madelou
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