De Punta Arenas à Puerto Natales
Journée de transit aujourd'hui. Départ avec les bus Pacheco de Punta Arenas pour arriver à Puerto Natales, 250 km plus loin et trois heures plus tard. Je connais déjà une partie de la route. C'est donc le moment où jamais de sortir mon livre de vacances qui est un peu délaissé. Sur 250 km une seule ville. Que dis-je ? Une bourgade : Villa Telhuelche. Jusque là, le paysage a peu changé. Des vallonnements un peu plus prononcés parfois et des hectares épargnés par les vents sur lesquels résistent des arbustes. A partir de Villa Telhuelche, la végétation change légèrement. Un peu plus vert pour être carrément ocre de l'autre côté de la route. La route reste droite mais n'est plus tout à fait plane. Puis l'horizon cesse d'être infini et vient se poser devant nos yeux un assemblage de collines verdoyantes. Certes, elles sont loin, mais elles présagent de l'endroit où nous nous arrêterons.
Puis, des bouts de forêts nous accompagnent. Ainsi que des forêts dévastées qui n'ont pas eu le courage ou la force de repousser. Des troncs morts à côté de souches, formant un cimetière dont le seul destin est de disparaître définitivement. Puis de la forêt morte qui repousse. Pourquoi ces différences ? Des habitations abandonnées. Qui voudrait vivre ici ? Même les arbres ne résistent pas à la puissance du vent. Ils ont à peine le temps de grandir qu'ils sont courbés tels des sherpas népalais qui ont consacré vingt ans à porter les loisirs du monde occidental.
Les collines laissent maintenant apparaître de plus hauts sommets. Le soleil brille depuis ce matin, la neige laisse éclater sa blancheur. Ils sont loin, ces sommets, encore très loin, mais c'est là où je vais. Je ne décroche plus du paysage, le livre attendra encore. Les bas-côtés de la route sont maintenant verdoyants. Quel changement en 200 km.
Quant à Puerto Natales, ville de 20000 habitants, elle a plus de charme que Punta Arenas. Des maisons basses souvent très colorées, de petites rues pas du tout animées mais bordées de commerces touristiques. Le dimanche, c'est sacré au Chili. Pas de problème pour trouver une carte postale ici ni remplir son sac de souvenirs en tout genre. Pas question de me laisser tenter par quoi que ce soit, j'ai encore du chemin à faire à pied !
Et puis la ville est posée sur les rives du fjord Ultima esperanza, du nom de la province dont elle est le chef-lieu. Derrière, tout au fond on voit quelques montagnes du parc Torres del paine. A la première découverte, les larmes me montent aux yeux tellement c'est beau. Qu'est-ce que ce sera demain. C'est d'ici que partent des croisières qui naviguent dans les fjords pour remonter jusqu'à Puerto Mont, au nord de l'île de Chiloé. Ce sera l'occasion d'un autre voyage, car les témoignages sont unanimes : les paysages sont si magnifiques que la langue française manque de vocabulaire pour les qualifier.
Demain commence donc une expérience nouvelle. Je pars dans le parc Torres del paine pour trois, voire quatre jours. Un incendie a ravagé à la fin de l'année 2011 une partie du parc (10000 hectares sur 200000). Il vient seulement de réouvrir en totalité mais tous les sentiers ne sont pas accessibles. Et bien sûr la partie par laquelle je voulais entrer ne l'est pas. Je change donc mon programme et commencerai par les versants les plus difficiles du fameux W. Mais peut-être que le dernier quart sera rouvert pendant que je serai là-bas. D'où l'incertitude de la durée du séjour. Tout ça pour vous dire que la nature ayant aussi des droits, elle ne me permettra pas de communiquer pendant ce temps. Les accros au blog peuvent donc reprendre une activité normale jusqu'à jeudi, voire vendredi.