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Chili sin carne
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20 janvier 2012

Perito Moreno, le géant de glace

Aujourd'hui, excursion de bon touriste avec prise en charge à l'hôtel, minibus et rien à organiser moi-même. C'est sans doute le meilleur moyen de découvrir le Perito Moreno, à 80 km de El Calafate. Au passage, j'apprends qu'en 2000, cette ville comptait 2000 habitants. Dix ans plus tard, la population a été multipliée par 10. Ils sont maintenant 20000, grâce à la construction d'un aéroport qui a permis de développer la région. Où l'on revient à la capacité des Argentins d'attirer des gens dans les endroits les plus improbables.

Encore que s'installer au bord du Lago Argentino, ce n'est certainement pas dû au hasard. Il fait 20 km de long, sa profondeur va de 200 à 700 m, ce qui en fait le deuxième lac en eaux froides le plus profond du monde après le lac Baïkal, et la température de l'eau varie entre 2 et 6°C ! Temps de survie estimé : cinq minutes. Pourtant sa couleur encourage à la baignade.

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Dans le coin, les vents peuvent souffler jusqu'à 180 km/h. Je comprends mieux l'absence de végétation. En 2007, 28 maisons de El Calafate ont perdu leur toit ! Voilà qui est très instructif alors que nous évoluons déjà sur une piste qui mène à des estancias. A plusieurs reprises, nous voyons des caranchos. Ils sont posés sur les clôtures et il y a une raison à cela : ils mangent des animaux morts. Le passage de voitures est donc susceptible de leur assurer leur pitance. Mais ce n'est pas tout. A deux reprises, nous voyons des aigles. D'abord un jeune qui se fait attaquer par deux oiseaux qui doivent avoir leur nid tout près, puis un adulte. Comme j'ai choisi un "tour alternatif", que nous ne sommes que 15, nous nous arrêtons et pouvons prendre des photos.

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Nous atteignons une estancia après 45 minutes de route. Les bâtiments sont tous de la même couleur et il y a une raison à cela : c'était pour que les gauchos se repèrent à l'époque où les routes n'étaient pas dessinées. Le carré d'occupation de l'estancia tranche avec son environnement : des arbres et de la verdure. Les arbres ont été plantés pour se protéger du vent, mais quel vert comparé aux 100000 hectares où broutent les moutons. Nous faisons une pause café dans un espace qui n'est pas une estancia et qui pourtant élève des moutons. Il y a là un jeune guanaco de 1 an qui cherche à entrer dans l'espace café. En fait il attend son biberon ! Une des touristes a très envie de lui donner. Quelle récompense reçoit-elle ? Il lui crache à la figure ! Il y a aussi deux lamas.

Fini le divertissement, nous entrons dans le Parc national des glaciers. Le même système de tarifs qu'à Ushuaïa. Mais difficile de me faire passer pour une Brésilienne. Et ils n'en sont pas non plus à la pratique américaine. L'entrée n'est valable que pour une seule journée. A 20 euros par personne, c'est rentable. Allez, on n'est pas là pour râler, juste pour dire qu'ils ont encore des progrès à faire.

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Nous nous arrêtons côté sud et commençons par une courte randonnée le long du lac avec vue sur le glacier. Nous tombons face à un groupe d'oies de Patagonie, impossible de les approcher de très près, elles s'envolent. J'en profite pour mettre mes doigts dans l'eau. Que c'est froid, mais il me semble moins froid que le Canal de Beagle, à Ushuaïa. Cette petite marche nous mène à l'embarcadère des bateaux. Le programme prévoit une navigation d'une heure près du glacier. C'est le moment de mettre le bonnet et la polaire, car jusqu'à maintenant, c'est grande chaleur.

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Pour les informations pratiques, le glacier fait 5 km de large sur 30 km de long. Sa hauteur est de 60 m, l'équivalent de 18 étages, et de 100 sous le lac. De loin, de très loin, on pourrait penser que c'est un kingking size bed. De près, c'est plutôt un tapis de fakir. Le bateau nous amène à une extrémité puis à l'autre et revient sur ses pas. Nous apercevons des randonneurs qui marchent sur le glacier. Ce sont des lilliputiens. Le bateau reste approximativement à 200 ou 300 mètres du glacier. Nous sommes ainsi devant une immense façade dont le haut est tour à tour composé de piques et de formes plus douces.

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L'imagination passe la troisième vitesse. Ici, une cathédrale, là un visage d'indien mal dégrossi, plus loin des statues érodées, des personnages aux traits aigus courbés par le poids du glacier qui avance. Il est temps de poser l'appareil et de regarder, simplement admirer cette force de la nature qui ne se contente pas d'être mais qui continue à vivre. Le glacier grandit tous les jours et avance. Jusqu'à la rupture. Car après 2 km dans sa largeur, il a atteint la terre. Quand les deux ne se supporteront plus, le glacier se rompra. Mais sur une partie seulement. Personne ne sait quand arrivera l'événement. Le dernier remonte à 2008.

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Une fois la promenade en bateau terminée, nous remontons dans le bus. Direction les 3 km  restant du glacier. Là, un système de passerelles a été aménagé et l'on voit que l'argent est bien dépensé ! Nous avons un peu plus de deux heures de temps libre, tout loisir pour apprécier la merveille devant nos yeux. Alors que je descends, j'entends un coup de tonnerre : de sont des blocs de glace qui tombent dans le lac. Se poser à un endroit et regarder. J'explore tout de même les différents points de vue. J'entends en permanence des craquements, des coups de marteau. Mais qui est là-dedans ? Le bruit typique des charpentiers. Certains blocs tombent et n'ont l'air que de vulgaires cailloux. Considérant le fracas qu'ils produisent quand ils entrent en contact avec l'eau, ce ne sont pas de petits cailloux.

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Un endroit se morcelle en particulier. De gigantesques morceaux se détachent et se dispersent en demi-cercle dans l'eau devant une façade désormais modifiée. Progressivement, ces blocs de glace vont s'éparpiller sur le lac, leur blanc tranchant avec le bleu-vert de l'eau. Combien de temps mettront-ils pour fondre ? Bien plus longtemps qu'il n'en a fallu aux naufragés du Titanic pour se transformer en glaçons. C'est violent, les craquements sont autant de souffrances subies par le glacier et pourtant le Perito Moreno donne envie d'étendre les bras et de l'accueillir. Pris dans son ensemble, il peut faire penser à une meringue piquetée.

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Toujours au même endroit, trois étages tombent d'un coup. Le demi-cercle de glace qui avait commencé à se désintégrer, se reforme avec plus de circonférence. Alors qu'après le premier gros détachement, des meurtrières étaient apparues, elles ont maintenant disparu. A chaque nouvel effondrement, de la glace bleue révèle une ardente vie intérieure. C'est plein de  creux, en réalité. Tout comme sa base à la surface de l'eau. En la regardant de près, il y a un espace où l'eau se faufile. Ce ne sont pas des flip flop qui en émergent, mais des grognements dignes d'un ours qu'il ne faudrait pas déranger. A un autre endroit, des plaques cèdent. Comme si l'enduit n'avait pas tenu. En-dessous, de la glace bleue.

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Où et quand se produira le prochain craquement ? Tout le monde attend. Mais il tarde à venir. L'heure tourne, le nombre de photos prises restera secret et il est l'heure de remonter. Je viens de remettre le bouchon sur mon objectif et crac ! A la vitesse de l'éclair, je l'enlève, vise et d'autres morceaux ont la bonne idée de suivre. Des gens à côté de moi sont dégoûtés : ils sont restés assis pendant une heure à attendre l'événement et voilà qu'il se déclenche quand eux lui tournent le dos.

Retour à El Calafate où chaque petite maison a ressenti le besoin d'avoir son bout de pelouse d'un vert pétant, pour mieux faire savoir à l'environnement aride qu'on pouvait l'apprivoiser. Les parterres de lavande ramènent instantanément en Provence, à tant de kilomètres, c'est étrange. Les restaurants ont lancé leur parillada en vitrine. Les agneaux écartelés cuisent devant les passants qui les regardent derrière la vitre comme une attraction de cirque.

Dernière petite excursion de la journée puisqu'il me reste du temps. La Laguna Nimez, réserve ornithologique près de la ville. Canards, oies de Patagonie, flamants roses, faucons se laissent à peu près photographier. Promenade agréable, en profitant d'une belle lumière et d'une chaleur sans excès. Juste derrière la réserve, une plage au bord du Lago Argentino, deux personnes dans l'eau et elles n'ont pas l'air gelées. La plage aurait-elle réchauffée le lac ?

Demain, je pars un peu plus haut, à El Chalten. Ya-t-il Internet dans cette bourgade au nord du parc national des glaciers ? Algunos dias, on me répond. Parfois, pour les non hispaniques. Vous savez ce que cela signifie. Et comme après, j'ai l'intention de passer la frontière à pied...

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Commentaires
H
Tré surprenante est la votre nouvelle photo. Le glacier en le fond exprime le tempérament que ne montre pas le votre écri si sensible ? et le gran tache noire au-dessus du votre cou (?)est pour dire que le mystère vous voulez le garder ? les questions elles affluent dans la tête où beaucoup de rumeur elles font. Mais la rumeur mieux que le vide , non ?pensez-vous pas ? A bientôt si le climat est favorevole à Internet, sinon a plus tard quand le clima il fini son caprice
H
Jo trouve la votre ecriture avec pl&ésir dooublé par attente renouvelé. Cé vrai boneur pourquoi non solement il y a le texte mais aussi les fotos qu'elles parlent de la justesse de votre oeil . Si oeil qui voit et main qui écrit sont en acordement c'est une force tré grande qui vous rempli et vous inspire. Peut-etre jo peu faire une dmande que déja j'ai faite ? pourquoi vous demandé pas à un companero de excursion de prendre foto de vous et vous métez sur celui-là de blog ? pourquoi quand chaque jour jo voi seulement un peti oeil de vous derriere sa lunette mon imaginacion dans le vide travaille. Je suis sur que pleine foto du votre visage elle fai lumière de plus sur l'écran du computer. A très bientot si vous avez chance de tomber sur les unos dias con Internet. Je salue très fort
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