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Chili sin carne
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27 janvier 2012

D'un port tranquille à Coyhaique, ville sans âme

Arriver à Puerto Tranquilo est relativement facile. En sortir est une autre histoire. Les informations sur les bus ne sont pas les mêmes selon les personnes auprès de qui on se renseigne. Un couple de Français et l'Autrichien ont entendu parler d'un bus qui part  à 9 heures. Moi, on m'a seulement précisé que trois bus partant de Cochrane s'arrêtaient entre 10 heures et 11h30 et prennent des passagers... s'il y a de la place !

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Il a plu toute la nuit et ce matin, il pleut par intermittence. J'ai beau regarder dehors, je ne vois pas la pluie. Et pour cause, le soleil brille en même temps. Si le toit n'était pas de tôle, je croirais qu'il fait un temps splendide. L'arc en ciel s'est déplacé côté montagne et le vent ne faiblit pas.

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Le petit déjeuner terminé, j'apprends qu'il y avait effectivement un bus à 9 heures. Il est parti ! L'idée est donc d'être dans les premiers à l'arrêt du bus pour avoir plus de chance d'entrer dans le premier bus arrivé. Le Japonais fait la course en tête, et il y a deux autres personnes. Je suis donc quatrième dans la file, ce qui n'est pas si mal.

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Le premier bus arrive à 10h30. Il est plein et nous guettons le nombre de personnes qui récupèrent des sacs à dos. Deux types font du forcing pour entrer dans le bus alors qu'ils étaient dans la fin de la file. Mais ils ont des billets ! Alors qu'hier il était impossible d'en acheter à Puerto Tranquilo. Ils ont pris le leur à Cochrane. Bonne nouvelle, le chauffeur promet 4 places et peut-être une cinquième. Il est 11 heures passées quand nous nous élançons. Encore trois heures et demies de piste pour rejoindre Coyhaique. Nous longeons le Lago General Carrera en épousant ses détours, admirant ses couleurs toujours changeantes. Les cahotements sont identiques à ceux de la veille. J'aimerais voir l'état du dessous du véhicule. Je n'ai jamais la sensation de monter et pourtant nous descendons parfois.

Une fois le lac disparu, nous pénétrons au coeur de forêts dont la hauteur ne dépasse guère celle du bus, mais est trop épaisse pour voir quoi que ce soit. Nous retrouvons des zones plus aérées avec des sommets toujours très hauts puis des collines qui forment des N avec des arrondis très gracieux. La pluie tombe. Je le constate par le mouvement des essuies-glaces. Parce qu'au fond du bus, à travers la vitre poussiéreuse, je ne remarque toujours rien. Certes, les sommets qui nous entourent se nimbent de nuages gris qui les font disparaître. Il n'y a toujours pas âme qui vive. Arrêt inopiné. Un pick-up est dans le fossé. L'accident vient d'avoir lieu, les deux occupants aux cheveux gris ont l'air un peu remués. Bon courage pour attendre la remorqueuse. Et La circulation est rare.

A deux reprises, je vois des traces de glaciers disparus. Des taches brunes tout à fait distinctes ne font aucun doute de leur présence sûrement lointaine. Même la neige tend à disparaître sur les cîmes alentours. Je vois des chevaux et des clôtures et aussitôt c'est l'espoir d'arriver dans une zone habitée. Faux espoir. Cerro Castillo vers laquelle nous descendons est encore loin en bas. Nous y sommes à 13h30. J'entends une femme parler au téléphone qui dit à son correspondant qu'il lui reste encore une heure de voyage. Quand je vois 95 km pour Coyhaique, je pense qu'elle est bien optimiste. Une seule personne est descendue à Cerro Castillo. Il y a là des treks à faire sur plusieurs jours, mais pour l'instant ils ont quelque chose de menaçant sous le ciel gris.

Et nous remontons encore. Il me faut un moment pour percevoir un changement. J'aperçois une glissière de sécurité sur la droite et il n'y a plus de bruit sous le minibus. La route est maintenant asphaltée, deux voies clairement indiquées par un marquage au sol. Ouf, ça va mieux. Le chauffeur s'offre le luxe de doubler un pick-up. Nous évoluons maintenant dans un paysage encerclé uniquement de collines. Les hauts sommets sont derrière nous et des prairies bordent la route.

Je ne comprends pas pourquoi soudain les moutons sont parfaitement calibrés et immobiles. Mais non, ce sont des ronds de balleur ! La moisson est donc terminée. Les arbres sont décoiffés par le vent et les peupliers qui entourent les fermes éparpillées sont littéralement échevelés. Nous parvenons à un croisement, y laissons quelques voyageurs. Je pense que nous sommes maintenant très proches de Coyhaique et un panneau indique 33 km. Je la trouve un peu longue cette route, peut-être aussi parce qu'elle était moins spectaculaire que la veille.

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Il est 15 heures bien passées quand je retrouve la civilisation. J'ai vu un panneau publicitaire immense bien avant l'entrée de la ville et un autre un peu plus loin qui attendait de trouver preneur. Une entreprise de transports, un garage, des lotissements de maisons Bouygues locales, un panneau incitateur pour des logements à vendre, nous sommes bien dans une ville d'environ 60000 habitants.

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La plaza de armas est assez plaisante avec ses fontaines et ses bassins rafraîchissants. C'est une zone Wi-Fi, mais je ne m'aventurerais pas à sortir mon ordinateur. Des gens un peu louches y traînent. D'ailleurs, c'est étonnant, mais de nombreuses fenêtres sont pourvues de grilles dans le centre. J'avais oublié que les fleuristes existaient. Le début de la carretera austral ne s'encombre pas de ces petits plus de nos vies citadines. Coyhaique n'a rien de charmant, c'est une ville de passage où on peut y retirer de l'argent ou en changer, avoir le choix de restaurants, s'équiper en vêtements, se faire refaire des lunettes si besoin, manger une glace pour se sentir en vacances "normales". Elle a son lot de SDF, de jeunes avec des casquettes à visières démesurées qui plient les genoux sur leurs planches de skate en vue d'un saut. Et également deux Mormons en pleine activité.

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Le supermarché Unimarc est un vrai lieu de consommation où je ne trouve cependant pas de pommes mais des prunes et des brugnons bien durs. De nombreuses salles de jeux avec des machines à sous crachent une musique tonitruante. J'ai hâte d'en sortir. La pluie a cessé, il fait un soleil éclatant sur un ciel d'un bleu limpide. Où est donc la pluie promise pour les 4-5 jours à venir ? Demain retour à la vie nature.

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